Quand on a quinze ans, on croit encore en tout, un peu moins qu’à huit ans, mais toujours avec beaucoup d’imagination. Nous formions un duo privilégié, même si dix ans nous séparaient. Tu m'as appris des trucs que la morale réprouve, enfin celle de la bienséance, pas celle de l'insouciance, des rires et de la créativité. Tu m'as fait aimer la moto, j'en ai eu cinq.
Il y a quelques années, tu es parti pour un autre monde.
Cependant, les souvenirs décalqués dans les compartiments intimes de ma mémoire sont bien vivants, si loin dans le temps et pourtant si proches dans les émotions. En plissant les yeux dans la lumière du soleil, les instants se révèlent, presque palpables. Je nous revois en train de cueillir les cerises, un franc le kilo pour moi, deux francs pour toi, parce que tu montais plus haut dans les arbres et que tu allais au bout des branches. Les souvenirs libèrent des images de bonheur, de sensations veloutées, ponctuées de traits d’esprit et de réflexions persifleuses.
Adieu cousin, adieu mon cousin.
Merci pour ces moments spontanés, cette anarchie colorée, ces regards complices et pour ces instants glissés par mon âme dans la fente entrouverte de ma mémoire.
Crédits textes et photos : © emmanuel cockpit